Histoire des derniers représentants de la branche aînée famille de VERGEZAC - La page généalogique de Michel de VERGEZAC

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Histoire des derniers représentants de la branche aînée famille de VERGEZAC

ancêtres paternel

Les circonstances de la fin de la branche aînée sont connues au travers des pièces des différents procès et actes judiciaires marquants de la vie quotidienne de cette époque. Un article d'une douzaine de pages paru en mai 2002 dans le n° 100 de la revue « A moi Auvergne » intitulé « LA MAISON DE VERGEZAC : CHRONIQUE D'UNE FIN MOUVEMENTÉE, 1584 - 1718 », retrace la chronologie historico-judiciaire de ces principaux événements.

Les derniers survivants de la branche aînée de la Maison de VERGEZAC furent victimes d'une succession de mésaventures. D'une part, la branche aînée de la Maison de VERGEZAC perdit prématurément deux de ses héritiers, avec Philibert mort jeune vers 1621 et François, mort assassiné au Puy en 1658. D'autre part, elle fut malchanceuse avec une tentative ratée d'alliance à la prestigieuse Maison ROCHEFORT d'ALLY, pour laquelle le prix à payer fût très élevé. Enfin, elle eut à subir l'opiniâtre convoitise d'héritiers de la Maison du SAUNIER qui livrèrent un combat juridique sporadique durant plus de 60 ans, tout en se livrant à des agressions physiques ou des larcins divers pour faire valoir ce qu'ils estimaient être leurs droits sur l'héritage.

Le dernier survivant mâle de la branche aînée est Pierre-François de VERGEZAC, né en 1672, décédé vers 1718. Il était le petit-fils de François, mort assassiné au Puy en 1658. Il partit pour l'armée en 1691 où il fut à ses débuts enseigne d'infanterie au régiment d'Aunis, lieutenance colonelle du sieur de POLIGNAC. En 1695 il obtint un congé pour se rendre auprès de sa mère Catherine de FLOS qui avait été expulsée par la force du château de Vergezac, « blessée d'un coup de fusil qui la mit en danger de mort », selon le texte d'une supplique de Pierre-François.


LA SAISIE ET LA VENTE PAR ADJUDICATION DU CHATEAU

La saisie et la vente par adjudication de la terre de Vergezac et de toutes ses dépendances avait été ordonnée par la voie judiciaire pour régler les sommes d'argent en principal et en intérêts dues à la famille du SAUNIER en raison du non paiement du solde de la dot de Anne de VERGEZAC qui avait épousé par contrat du 30/01/1625, Antoine du SAUNIER, fils de Gilbert et de Blanche de LA TOUR de BAINS. Le solde de cette dot s'élevait à 1500 livres vers 1631.

Le jeudi 20/06/1697, l'adjudication de la terre de Vergezac et des autres biens fut prononcée par MOURE en la sénéchaussée d'Auvergne, au profit de Claude Vidal de La TOUR de ROCHEFORT d'ALLY, seigneur du Thiolent, pour la somme de 15600 livres.

L'acte d'adjudication donne le détail des 59 lots constituants l'ensemble de tous les biens vendus. Le premier lot est le château lui-même, décrit comme suit : " Premièremant le chasteau de Vergezac scis et sittué dans le dit lieu de Vergezac et autres héritages cy après ledit chasteau compozé de quatre estages deux grandes tourres rondes et le degré .... au milieu avec une grange et estable au dessoubz d'icelle escurie pigonier et loge de pourceau le tout couvert a l'huille cour deux jardins et un pré appellé Bouchet " 6.

Parmi les 59 lots on compte, 2 jardins, 53 prés et champs et 3 bois. L'emplacement géographique de tous ces lots est mentionné par rapport aux lots contigus appartenant à d'autres possesseurs, parmi lesquels on retrouve des champs, prés, etc. appartement à Gilbert VERGEZAC, à Marguerite BASSET, à maître François VERGEZAC, notaire et époux de Jeanne VALHORGUE, cité propriétaire de deux biens contigus. En outre, il y a trois prés contigus à des biens appartenant au seigneur du Thiolent (alias " seigneur du TIOLAN ").

Le voisinage des biens de la maison de VERGEZAC avec ceux du seigneur du Thiolent n'est peut-être pas étranger à une autre action en justice qu'avait entrepris Catherine de FLOS quelques années auparavant. Ainsi, elle se plaignait du comportement de Claude de La TOUR de ROCHEFORT d'ALLY, seigneur du Thiolent. Elle déposa des pièces au greffe du présidial de Riom à la suite d'une procédure faite à sa demande par les officiers de Saint-Privat. Il est vrai que, Claude de La TOUR s'était lancé entre 1690 et 1694 dans des acquisitions de terres destinées à l'agrandissement de son domaine tout proche du Thiolent , ce qui devait gêner les intérêts de Catherine.

Claude de ROCHEFORT d'ALLY (° 1649, + 1708) 20, l'acquéreur du château, était un des petits-fils de Claude de ROCHEFORT d'ALLY et de Claire de La TOUR SAINT-VIDAL, dont la fille Claire de ROCHEFORT d'ALLY avait épousé par contrat du 08/07/1618, Philibert de VERGEZAC (cité plus haut), décédé en 1621. Le couple Philibert, Claire de ROCHEFORT n'avait eu qu'un enfant, Claire de VERGEZAC qui épousa en 1638, Philibert de VALARDS, puis en 1681, Louis de LA ROCHENÉGLY.

DÉMÉLÉS DE PIERRE-FRANCOIS AU SUJET DU DOMAINE DE BASSET
Pierre-François, dernier représentant de la branche aînée, avait définitivement perdu la seigneurie et le château de ses ancêtres. Mais ses ennuis n'étaient pas terminés. Après être parti au service du roi " estant fort jeune et y ayant resté plusieurs années il est revenu dans le pays et croyant de pouvoir jouir des biens que son père lui avoit laissé qui consistoient entre autre choses en un domaine situé au lieu de Vergezac qui provenoit du chef de Marguerite BASSET il a trouvé que divers particuliers sen estoient emparés (et) en auroient destruit les bois et perceu des fruits sans vouloir en randre aucun compte ".

Ainsi, d'autres personnes profitant de sa longue absence au service du roi avaient pris possession de ses maigres biens provenant de la donation faite par Marguerite BASSET à feu son père. Pour récupérer ses biens, il s'en prit à Jean VACHIER, procureur d'office au mandement de Vergezac, qui jouissait des fruits de son domaine. Mais, " le dit VACHIER chercha toutes les chicanes immaginables " jusqu'à dire que Pierre-François n'en était pas propriétaire. Après une longue procédure, une ordonnance contradictoire maintint Pierre-François comme propriétaire des biens et ordonna la restitution des fruits perçus par VACHIER. Ce dernier fit appel au Parlement de Toulouse.

Pierre-François, qui au retour de son service du roi n'avait plus retrouvé les titres de propriétés qui avaient été subtilisés, se souvint alors de la donation de Marguerite BASSET à son père, reçue par feu maître VERGEZAC La Chapelle, lequel avait pour " garde notes " Joseph CARLET, son beau-fils. Il réclama en vain à Joseph CARLET un extrait de cette donation. Ce dernier s'était lui-même emparé d'une partie des biens provenant de la donation ou avait acheté à VACHIER des parcelles de ses biens, aussi il ne voulait pas donner copie de la donation. Pierre-françois pensa alors à chercher une copie de cette donation dans les registres du greffe du tribunal. Il la trouva. Elle dû lui permettre de recouvrer ses biens, car ses héritiers feront mention à plusieurs reprises de leur domaine de " Basset ".


L'AGRESSION DE PIERRE-FRANCOIS
Toutes les tentatives de Pierre-François avaient dû contrarier certains des habitants de Vergezac, notamment ceux qui avaient profité de sa longue absence au service du roi pour s'emparer ou jouir des fruits de ses biens (récoltes, etc.). Aussi, il est probable que l'agression physique dont Pierre-François fut l'objet en 1702 n'est pas étrangère aux démêlés qu'il venait d'avoir avec certains d'entre eux.

Ainsi, le 24 juin 1702 " entour les sept a huit heures du soir ", alors qu'il se trouvait dans le cabaret du lieu de Vergezac tenu par LA FOREST, il fut insulté par des habitants de Vergezac parmi lesquels il y avait Barthélémy ROCHIER dit Valliou, Grégoire ROCHIER dit Narce et Etienne CHABANON, si l'on en croit les soupçons du juge Embroise SAVOYE qui mena l'enquête. A sa sortie du cabaret, François fut sévèrement blessé à coups de pierres et de bâtons par des personnes qui l'attendaient cachées. C'est alors qu'à son tour il blessa grièvement Etienne CHABANON, à coup de pistolet, semble-t-il en se défendant. Bien que blessé, François réussit à s'enfuir et se réfugia dans une petite grotte située prés de la cuisine, dans la maison de Pierre DUNY. Quelques habitants partis à sa poursuite, enfoncèrent la porte de la maison et mirent la main sur lui, ce qui lui valut une nouvelle volée de coups de bâtons sur la tête. Puis François fut conduit dans la maison de MARTEL dit Monton où il fut lié et garotté " avec des grosses cordes ". Il fut ensuite conduit à la prison de la ville du Puy, selon l'incitation du sieur FABRE, curé de Saint-Rémy. Bien entendu, au cours deux interrogatoires menés en 1702 et 1717, par le juge Embroise SAVOYE, les agresseurs présumés nièrent toute participation à cette agression.

Le 28 juin 1702, le maître chirurgien Raymond RESTAYS, de la ville du Puy, fut requis par " les officiers ordinaires du lieu et mandement de Vergezac " de se rendre en la conciergerie de la prison du présidial du Puy afin de faire la " vérification des coups d'une personne blessée ", s'appellant noble François de VERGEZAC. François avait de nombreuses plaies à la tête et sur le corps. Le chirurgien dénombra 6 plaies sévères à la tête, dont l'une sur l'os frontal longue de " deux travers de doit et en profondeur jusques a los quy est des couvert ". Il décrivit dans son compte-rendu d'autres plaies, contusions, echymoses, sur le corps au niveau de l'humérus gauche et au-dessus du genou de la jambe droite. Raymond RESTAYS précisa que ces blessures et contusions semblaient avoir été commises " par armes presantes et contondantes comme bastons pierres et autres instrumans semblables ". Il réserva son diagnostic de survie du blessé à cause de la gravité des blessures reçues à la tête. La déclaration manuscrite de Raymond RESTAYS est datée du 30 juin 1702.

En raison de cette agression, Pierre-François porta plainte contre " Grégoire ROCHIER dit Narce, Barthélémy ROCHIER dit Valliou, Estienne CHABANON, Antoine PASCAL, sa femme, Barthélémy ANDRÉ, et Jean THINEL fils à Claude la femme la fille et le bouvier dudit ROCHIER Valliou, Pierre EYMARD, Antoine SIMEL fils de Jean la femme dudit CHABANON et Jeanne VALHORGUE ". Un décret de prise de corps des deux ROCHIER, Narce et Valliou fut pris par MOURET, conseiller au Puy, le 04/07/1702.

Le 06/07/1702, un décret d'ajournement est émis. Le 08/07/1702, Pierre-François adresse une requête contre ses agresseurs. Un premier interrogatoire, daté du 15 juillet 1702, concerne Pierre GARDETZ (dit Pierre PAYS) alors emprisonné au château de Talobre, qui logeait au moment des faits chez Barthélémy ROCHIER. Il est soupçonné d'avoir participé à la bastonnade de Pierre-François de VERGEZAC. Il est vraisemblable que Pierre-François fut débouté de ses demandes, en raison notamment des dénégations de ses agresseurs lors des interrogatoires et de l'impossibilité pour lui de prouver ses assertions. A moins que les agresseurs se fussent enfuis ? Quoi qu'il en soit, quelques années plus tard il tenta de relancer l'affaire en justice, puisqu'un deuxième interrogatoire, daté du mardi 15 juin 1717, à quatre heures du soir, soit quinze ans après les faits, eut lieu. Il intéresse Grégoire ROCHIER dit Narce, laboureur âgé de soixante-six ans, habitant à Vergezac. L'accusé nie farouchement toute participation à la bastonnade du sieur Pierre-François de VERGEZAC.

Mais, en 1717, voyant que son agression restait impunie, Pierre-François porta l'affaire en appel devant le Parlement de Toulouse. Une lettre datée du 19/05/1718, de Toulouse, adressée à lui par un ami (où par un parent ?) lui notifie " qu'avant qu'on put plaider et juger votre appel il estoit préalable qu'un extrait des procédures des officiers de Vergezac furent remis au greffe du parlement pour conoitre si vous avez été originellement le querelleur et l'assassin ou si au contraire les gens de Vergezac n'ont pas été vos assassins " car " les avocats de ROCHIER prétendent que vous aviez été le premier a tirer un coup de pistolet a CHABANON et a mal traiter beaucoup plusieurs autres habitants de Vergezac ". Ainsi donc, son affaire était loin d'être gagnée car il lui fallait maintenant démontrer qu'il n'était pas l'agresseur mais l'agressé. Pierre-François est décédé avant 1722. Sa sœur, Mariane, épouse de Jacques de TILOLOY, viendra recueillir ce qui reste de son héritage, c'est-à-dire le domaine de « Basset ».


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